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La Chine colonise-t-elle l’Afrique ? (3/3)

août 28, 2008

…suite et fin de l’article la Chine colonise-t-elle l’Afrique? (2/3)

Notre orgueil occidental conduit certains à dénoncer les dangers de cette Chine colonisatrice, qui reproduirait à bien plus grande échelle, avec les moyens industriels d’aujourd’hui et au mépris de l’environnement, les erreurs passées des Européens…qui prétendent maintenant se racheter une conduite en conditionnant leurs aides à des progrès dans la gouvernance et le respect des droits de l’homme.

Soyons clair : il y a du tout à fait bénéfique et du véritablement délétère dans l’action diplomatico-économique de la Chine en Afrique. Pour s’en faire une idée, plutôt que de s’épancher en une litanie de phrases bien tournées, énonçons plus sommairement les avantages et les inconvénients de cette Chinafrique ! Chacun sera alors à même de s’en faire une idée librement !

Les avantages :

  • Le financement et la construction clef en main de nombreuses infrastructures, partout (écoles, hôpitaux, autoroutes, réseau d’épuration et de distribution d’eau, zones résidentielles, etc), dont on connaît les effets multiplicatifs sur le secteur privé. Qui plus est ces projets reviennent moins chers grâce à une meilleure concurrence qui vient battre en brèche les anciennes situations de rente dont jouissaient certaines entreprises comme Bouygues.
  • Un pouvoir d’achat d’accru pour les populations africaines grâce aux nombreux produits importés en masse et proposés à un très bon prix
  • Une action parfois pacificatrice : en commerçant intensément avec tout le monde, la Chine se pose en intermédiaire efficace, elle a ainsi certainement contribué à calmer les tensions entre l’Egypte et le Soudan autour du débit du Nil. Sa présence au Congo refreine l’élan des rebellions à l’est du pays.

Les inconvénients :

  • Un soutien peu regardant apporté à un certain nombre de dirigeants kleptocrates, dictateurs confirmés, autocrates et autres chefaillons… (Mugabe au Zimbabwe, …), une indifférence au respect des droits de l’homme.
  • Une complicité flagrante dans certaines tentatives de putsch (contre Idriss Déby au Tchad par exemple)
  • La destruction de l’artisanat local et du petit commerce du fait de la déferlante de jouets, biens d’équipements, vêtements et autres objets industriels bons marchés importés massivement de Chine. Ainsi en 2005 le Swaziland, petit pays d’un million d’habitants, a perdu 12 000 emplois dans le textile, soit plus de 40% de ses effectifs sur ce secteur du seul fait de la concurrence chinoise ! Cependant cet inconvénient est en train de devenir un avantage pour certains pays africains: le Sénégal a mis fin à la distribution généreuse de visas aux Chinois tout en s’assurant de l’inverse en Chine, résultat ce sont maintenant les commerçants sénégalais qui y émigrent pour aller y importer directement les marchandises chinoises. Il ya maintenant plus de commerçants sénégalais en Chine que le contraire ! Si ce n’est pas une entrée dans la mondialisation ça !
  • La Chine prête des milliards de dollars à l’Afrique mais souvent l’argent ne quitte même pas la Chine, il sert à payer les entreprises chinoises choisies pour réaliser des projets pharaoniques, certes utiles, mais en employant des Chinois (d’où une sous utilisation de la main d’œuvre locale), qui mangent des légumes Chinois, parfois produits par des agriculteurs Chinois que l’on fait venir en Afrique…
  • Des normes environnementales largement bafouées, des parcs naturels défigurés par l’exploitation forestière et minière (Gabon, Congo, etc), des dégâts incommensurables par exemple sur le cheptel d’éléphants du fait de la demande chinoise en Ivoire (6000 à 12 000 bêtes seraient abattues chaque année au Soudan, en Centrafrique et au Tchad)
  • Des ventes d’armes qui alimentent des guérillas, des milices et des rebellions qui se rendent ensuite responsables d’atrocités et de crimes contre l’humanité. La Chine ne serait certes que le troisième fournisseur d’armes du continent, les Etats-Unis étant les premiers, mais il faut bien voir que même si la vente d’un avion de chasse équivaut peut-être à celle de 300 000 armes à feu, le résultat sur les populations ne sera pas le même. Ainsi seuls 12% des kalachnikovs en circulation dans le monde seraient de fabrication russe ! Le reste étant des faux chinois. De même, une grande portion des centaines de milliers de machettes utilisées lors du génocide rwandais venaient de Chine. Au Liberia, d’énormes stocks d’armes sont parvenus aux mains de Charles Taylor en 2001, en violation totale de l’embargo de l’ONU, en échange …de bois ! Des armes impliquées dans la mort de 300 000 personnes.
  • Enfin il faut bien avouer que la Chine reproduit l’équation coloniale : importations de produits primaires (bois, minerais, pétrole, coton, etc) contre exportation de biens industriels (à ceci près qu’aujourd’hui la hausse des cours des matières premières font la richesse de l’Afrique). Ce qui empêche l’Afrique de s’industrialiser. Et comme le soulignent Serge Michel et Michel Beuret : « A certains égards, elle commence à ressembler aux autres acteurs, avec ses cohortes de gardes de sécurité, ses chantiers qui s’enlisent, ses scandales de corruption et quoiqu’elle en dise, son mépris parfois, pour la population locale. »

Conclusion

La Chine met le pied à l’étrier de l’Afrique pour la faire monter sur le destrier de la mondialisation….c’est indéniable. Le renouveau de l’Afrique ne serait envisageable sans la force de frappe chinoise. Si les grands projets d’infrastructures, qui sont ce qu’il y a de plus positifs dans l’action chinoise, se poursuivent, on peut commencer dès maintenant à rêver d’une Afrique pacifiée, unifiée, où les ponts, routes, chemins de fer et réseaux de télécommunications permettront de désenclaver toutes les régions et de faire circuler librement hommes, capitaux, biens, services…et idées !

Là enfin où j’émets une réserve par rapport à la thèse défendue par les auteurs de « La Chinafrique » , c’est qu’ils excluent toute notion de néocolonialisme préméditée (qu’ils ont pourtant largement étayée par des exemples probants rapportés ici) en se contentant d’asséner qu’il n’y a que 900 entreprises chinoises dispersées en Afrique, contre 2000 à Singapour par exemple où la question du néocolonialisme est totalement absente de tout débat. Je crois au contraire qu’on assiste à une certaine forme de néocolonialisme, du moins d’emprise politico-économique, car ces entreprises ne sont peut-être qu’au nombre de 900, mais on y trouve entre autres les grandes compagnies d’Etat qui manient les milliards de dollars et peuvent façonner ce continent vierge à leur guise, en fonction des besoins de l’Empire du Milieu. Les Chinois apportent une aide incommensurable à l’Afrique malgré toutes les menaces sociales et environnementales qu’ils y font peser. Ils mettent les dirigeants africains dans la position inconfortable de leur être redevables de tout plus tard. Qui sait comment tout cela se terminera, à l’heure où certains experts considèrent comme inéluctable une guerre sino-américaine pour les ressources africaines dans les années 2020-20230 !

Sources : La Chinafrique; l’article « La revanche de l’Afrique », par Sylvie Brunel dans le trimestriel janvier 2008 des collections de L’Histoire ; interview de Lionel Zinsou, Le Monde, 30 sept 2007.

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La Chine colonise-t-elle l’Afrique ? (2/3)

août 21, 2008

…suite de l’article la Chine colonise-t-elle l’Afrique? (1/3)

Quelles sont les raisons du succès de la Chine en Afrique ?

  • D’abord le déclin de l’influence occidentale en général, et de la France en particulier, couplé au conditionnement des aides aux efforts de bonne gouvernance et de transparence (depuis la fin de la guerre froide), ce qui a le don d’irriter les potentats africains. Mais combien même la France souhaiterait-elle conserver une influence en Afrique, qu’elle ne le pourrait plus, elle n’en a plus les moyens, ni économique, ni militaire (l’opération Licorne de maintien de la paix en Côte d’Ivoire était très proche de la capacité maximale de projection de toute l’armée française). A la rigueur l’Union Européenne pourrait rivaliser avec la Chine, mais de là à ce qu’elle se mette d’accord sur une politique étrangère commune, il y a loin de la coupe aux lèvres. Aujourd’hui, les Occidentaux se complaisent à regarder ce continent qu’ils croient à tort en perdition avec misérabilisme, paternalisme et condescendance….alors qu’il se réveille justement, aidé par une Chine qui y voit de merveilleuses opportunités là où nous ne voyons que les ruines de l’époque coloniale, symbole de notre grandeur passée. Pour approfondir ce point je vous recommande l’article précédent « La mort de la Françafrique »
  • L’état dans lequel se trouvent certains pays, acculés à la misère et à la désorganisation chronique à cause des politiques ultralibérales du consensus de Washington (pour lequel le FMI reconnaît aujourd’hui s’être trompé) : privatisation sans avoir mis en place un environnement suffisamment concurrentiel, ouverture aux capitaux volatils, décentralisation sauvage (dont on a prouvé qu’elle a conduit à la famine de 2005 au Niger). Le Niger, pour reprendre cet exemple, se retrouve avant-dernier pour l’indicateur de développement humain, après 25 ans de politiques dictées par le FMI ! On a aussi du mal à imaginer que la moitié des parlementaires nigériens ne savent pas lire ! La Chine n’avait plus qu’à se baisser pour ramasser la confiance de ces pays.
  • L’obligation imposée par la Banque Mondiale (grâce lui soit rendue pour une fois) pour les pays africains de passer des appels d’offres pour tout projet d’infrastructures. Ce qui a permis à la compétitivité chinoise de s’exprimer à plein !
  • Car Pékin ne pose aucune condition politique à ses aides et prêts et s’abstient de tout discours moraliste. La Chine joue même la partition du grand frère également meurtri par la colonisation occidentale (les Occidentaux avaient forcé militairement la chine à s’ouvrir au commerce international dès 1858 ) et fait toujours en sorte de se mettre au niveau de ses interlocuteurs en se présentant comme un pays en voie de développement, ce qu’elle n’est plus. En effet elle est passée au niveau supérieur, c’est désormais un pays émergent, et non des moindres : la Chine, c’est 325 Singapour de plus, ou une bonne dizaine de Japon…
  • Car la Chine dispose d’énormes réserves de changes résultant de ses excédents commerciaux (plus de 1500 milliards de dollars fin 2007, les plus élevées au monde). Cet argent lui permet d’investir massivement sur le continent noir dans de vastes projets d’infrastructures, parfois tout simplement offerts aux pays africains. La Chine n’a ainsi aucun mal à trouver des partenaires avec qui traiter, et elle retourne un à un les pays qui s’étaient d’abord alliés à Taïwan. Comme l’écrit le président sénégalais Wade à son homologue taïwanais, juste après avoir changé son fusil d’épaule au profit de la Chine populaire : « Entre pays, il n’y a pas d’amis, que des intérêts »
  • Car la chine n’est pas une démocratie ! Elle peut donc allouer les milliards comme bons lui semble sans avoir à rendre de compte aux électeurs ou à leurs représentants. C’est ce qui la distingue de l’Inde qui reste plus frileuse en matière d’investissements : là où le Parlement indien rechigne à entériner le financement de certains projets en Afrique jugés peu rentables, la Chine n’a pas ce problème et n’hésite pas s’engager à perte, du moment que cela lui permet de mettre un pied dans le pays. La Chine mène d’une main de maître une stratégie de long terme et PREND des risques.
  • Car la Chine est capable de répondre à tous les appels d’offre et de projeter rapidement des dizaines de milliers d’ouvriers qui finissent les chantiers en un temps record, au grand dam des Bouygues et consorts. Elle propose des packages clé en main « barrage + usine, ce dont sont incapables les entreprises occidentales. Ses ouvriers et ingénieurs sont prêts à vivre chichement et ne réclament pas d’être logés à l’hôtel comme les Occidentaux. La « mentalité » chinoise et la relation au travail sont un atout de poids. Les Africains hallucinent devant leur capacité de travail que n’obère pas leur corpulence pourtant chétive : « Nous ne sommes pas comme eux. Nous avons une autre façon de vivre. Les Chinois, quand ils sont pressés, ils font les trois huit. Ils travaillent la nuit, mais les Congolais ne suivent plus… » Ou encore, pour le ministre des travaux publics algérien : « Les chinois sont une race à part. Nous aurions besoin de leur culture du travail rigoureuse ». Enfin les Chinois sont discrets, et ça les Africains apprécient, contrairement aux Occidentaux : « Les Américains surtout nous parlent de family values à longueur de journées mais quand ils arrivent à Luanda, ils se bourrent la gueule et sautent des putes. Les Chinois sont disciplinés, modestes, respectueux. S’ils touchent une Angolaise, ils sont renvoyés chez eux, et c’est très bien ainsi. »
  • Car la Chine ne laisse rien au hasard et entreprend une vraie stratégie de rapprochement en cherchant à circonvenir et amadouer les élites africaines par les ruses les plus convenues, dignes des romans d’espionnage. Un élu congolais raconte : « Je ne sais pas comment ils font, ils étudient chaque cadre, chaque ministre. Ils s’arrangent pour créer des relations amicales Une fois à table, j’ai fait la connaissance d’un grand patron du ministère du Commerce. Il m’a parlé de jazz et d’architecture gréco-romaine. Mon Dieu c’est exactement ce que j’aime ! Alors j’ai compris que tout était monté. Après on s’est rendu compte qu’ils avaient fait la même chose pour tous les ministres congolais…chacun son Chinois ! Attention, dans 10 ans le monde est à eux ! » (La Chinafrique, p. 132-133)
  • Enfin car la Chine pousse les cadres de ses grandes compagnies d’état à s’établir à leur compte pour mieux profiter des opportunités constatées sur place. Cette souplesse propre à l’initiative individuelle, soutenue par les capitaux prêtés par le gouvernement est un moteur indéniable de la « conquête » rampante des marchés africains.

…dans le prochain article: suite et fin, quels sont les points positifs et négatifs de la présence en Afrique?

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La Chine colonise-t-elle l’Afrique ? (1/3)

août 4, 2008

Un blog sur la mondialisation n’aurait pas de sens ni de saveur sans un billet sur ce phénomène Sud-Sud en marche sous nos yeux médusés ! Ce billet, le voici donc!

D’après Nicolas Sarkozy (ou plutôt Henri Guaino, sic) l’Homme africain ne serait pas encore entré dans l’Histoire (discours de Dakar, juillet 2007). Première mise au point : la vérité c’est qu’on l’y avait fait entrer manu militari : du début du XVIème à la mi-XIXème siècle, la traite Atlantique a arraché à leur terre 11 millions d’Africains, et du VIIème au XIXème, la traite musulmane en a déporté 17 millions vers l’Andalousie, l’empire ottoman, le Proche et Moyen-Orient ainsi que la Chine (force est d’ailleurs de constater que cette dernière traite n’a « curieusement » pas laissé de descendants).

Deuxième mise au point : l’Homme africain ENTRE dans l’histoire et la mondialisation ! Les investissements directs étrangers ont doublé depuis 2005. Ayons-en conscience, cela se passe sous nos yeux…et cela est largement dû à l’engagement très récent de la Chine sur le continent. Serge Michel et Michel Beuret le décrivent très bien dans « La Chinafrique » (livre que je ne saurais que trop vous recommander de lire), nouvelle chimère qui enterrerait la Françafrique ! La Chine offre à l’Afrique qui sort de la « décennie du chaos » (1991-2001) un horizon que nul n’aurait pu soupçonner il y a peu. Mais a priori, la Chine voudrait-elle coloniser l’Afrique qu’elle ne s’y prendrait pas autrement, en témoignent les données suivantes : au moins 450 000 Chinois en Afrique (contre 300 000 Français, mais à relativiser toutefois au regard des 100 millions de Chinois de la diaspora!), au moins 48 milliards de dollars d’argent public chinois investi, prêté ou donné, et un commerce bilatéral multiplié par 50 entre 1980 et 2005, par 5 entre 2000 et 2006 pour arriver à 55 milliards de dollars, chiffre qui devrait doubler d’ici à 2010. La Chine est désormais le deuxième partenaire commercial de l’Afrique à la place de la France.

Suite à ce déluge de chiffres, il convient maintenant de tenter de répondre clairement à la question inaugurale, « la Chine colonise-telle l’Afrique ? ». A cette fin je me propose de décomposer cette interrogation en trois problématiques : pourquoi la Chine s’intéresse-t-elle à l’Afrique ? Quelles sont les raisons de son succès ? Enfin quelles sont les points positifs et négatifs du « Grand Bond » de la Chine en Afrique ? Car il serait aberrant de dire que ce que fait la chine en Afrique est globalement positif, ou plutôt négatif…comme en toutes circonstances, nous sommes face à une situation complexe aux multiples facettes.

Pourquoi la Chine s’intéresse-t-elle à l’Afrique ?

  • Pour sortir de l’isolement diplomatique dans lequel la répression de Tiananmen de 1989 l’avait placée, la Chine voit dans les dirigeants africains des partenaires et alliés idéaux. En effet ils représentent un quart des voix à l’ONU et craignent eux-mêmes la contagion démocratique, synonyme de remise en cause de leurs privilèges léonins.
  • En 1995, Jiang Zemin proclame le nouveau mot d’ordre : « Sortez ». Les entreprises chinoises sont incitées à partir à la conquête des marchés extérieurs, et pour s’aguerrir, l’Afrique constitue le tremplin idéal, tant tout y est à faire. Le gouvernement n’hésite pas à financer toutes sortes de projets, de l’infrastructure monumentale type barrage à la simple exploitation forestière. En même temps de nombreux petits entrepreneurs multiplient les boutiques: l’Afrique constitue un marché de choix où écouler jouets, camelote, petite quincaillerie chinoise, motos : bref, toute la production industrielle chinoise.
  • Car elle a absolument besoin d’accroître ses approvisionnements en matières premières pour soutenir sa très forte croissance. Au premier rang desquelles le pétrole : on comptait 3 millions de voitures en 1999 en Chine, plus de 8 millions ont été vendues en 2007, et on s’attend à un parc de 100 millions de voitures en 2015, ce qui nécessitera d’importer l’équivalent…de la production pétrolière africaine. Les récentes découvertes de gisements en Afrique en font un eldorado : grâce à cette manne dans les douze ans à venir, les pays du golfe de Guinée devraient encaisser 1000 milliards de dollars de revenus, soit eux fois plus que ce que l’Occident a pu apporter à l’Afrique en cinquante ans !
  • Car les vague d’émigration chinoise qu’entraîne la politique africaine de Pékin demeure potentiellement un moyen d’atténuer la pression démographique et la trop forte croissance inflationniste se faisant au mépris de l’environnement. Certains scientifiques chinois vont même jusqu’à dire, sous couvert d’anonymat : « Nous avons 600 rivières en Chine, 400 sont durablement polluées…nous ne nous en sortirons pas sans envoyer 300 millions de personne en Afrique » (François Hauter, Figaro, 7 août 2007)

…dans le prochain article: quelles sont les raisons du succès de la Chine en Afrique?

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La mort de la Françafrique (1/2)

juillet 14, 2008

Le déclin en Afrique de l’influence occidentale en général, et de la France en particulier, est indéniable. L’Occident a allégrement pillé l’Afrique jusqu’aux indépendances, puis chacun s’est contenté de pérenniser son pré carré, au besoin en soutenant les pires autocrates, parfois éclairés comme Senghor au Sénégal, parfois éclairés mais assassins comme Houphouët-Boigny en Côte-d’Ivoire (responsable du massacre prémédité de 4000 à 6000 personnes dans le village de Guébié en 1970). On peut également ajouter que la France s’est faite championne en matière de soutien aux putschistes : le général Gnassingbé Eyadema au Togo (1967), le général Lansana Conté en Guinée (1984), le capitaine Blaise Compaoré au Burkina-faso où la France s’est rendue complice de l’assassinat en 1987 de Thomas Sankara, leader charismatique et éclairée, mais trop communiste aux yeux de Paris. Sans oublier Idriss Déby au Tchad qui ne doit sa prise du pouvoir en 1990 qu’à l’appui de la France…

Cependant, ce que l’afro-réalisme et la guerre froide justifiaient, l’effondrement de l’URSS ne le permettra plus, et un vent de protestation souffle alors sur le continent où les dictateurs ont du mal à contenir les aspirations démocratiques. Désormais, les bailleurs de fonds occidentaux, Washington et FMI en tête, la France traînant des pieds, entendent conditionner leurs aides aux progrès démocratiques et aux efforts de bonne gouvernance et de transparence. Indisposés les régimes africains se montrent alors mûrs pour traiter avec Pékin qui lui ne pose aucune condition, et s’abstient de tout discours moraliste. Le « Je t’aime, moi non plus » de la Françafrique en est la parfaite illustration : quand elle intervient, la France se fait taxer de néocolonialisme, quand elle se retient, on crie à l’abandon. France et Afrique ne se comprennent plus. Pire, les Africains pensent déceler chez leurs anciens colonisateurs une grande ingratitude qui les blesse profondément : depuis la dévaluation du franc CFA en 1994 qui a frappé durement les économies de la zone, nombreux sont ceux qui ont dû émigrer pour fuir la misère, et c’est la France bien sûr qu’ils choisissent : l’hostilité qu’on leur réserve là-bas (cités ghettos hier, immigration choisie aujourd’hui, voir à ce titre cet article) détonne à leurs yeux avec l’accueil qu’ils avaient offert aux anciens colons après l’indépendance (sauf en Algérie…) et sans compter le sang qu’ont versé leurs parents pour libérer la France.

De toute façon, combien même la France souhaiterait-elle conserver une influence en Afrique, qu’elle ne le pourrait plus, elle n’en a plus les moyens, ni économique, ni militaire (l’opération Licorne de maintien de la paix en Côte d’Ivoire était très proche de la capacité maximale de projection de toute l’armée française). A la rigueur l’Union Européenne pourrait rivaliser avec la Chine, mais de là à ce qu’elle se mette d’accord sur une politique étrangère commune, il y a loin de la coupe aux lèvres. Et encore plus loin de là à ce que cette éventuelle politique commune fasse preuve de la même souplesse et force de frappe.

Aujourd’hui, les Occidentaux se complaisent à regarder ce continent qu’ils croient à tort en perdition avec misérabilisme, paternalisme et condescendance….alors que l’Afrique se réveille justement, aidée par une Chine qui y voit de merveilleuses opportunités là où nous ne voyons que les ruines de l’époque coloniale, symbole de notre grandeur passée.

Le summum de l’incompréhension est atteint en 2006 quand un certain candidat à la présidence française déclare à Bamako : « Nous n’avons pas économiquement besoin de l’Afrique ». Certes, elle ne représente que 2% de nos échanges, mais quand on sait que l’Afrique, c’est le premier centre de profit d’Air France, que 30% des réserves de pétrole de Total s’y trouvent, soit sa première région de production au monde, ou quand on connaît l’importance incontournable du Niger pour Areva, on ne peut que sourire ! Enfin, comme le dit un éditorialiste africain : « Que serait la France à l’ONU sans les voix de ses anciennes colonies ? »

…la suite dans le prochain article: les apports positifs et négatifs de la Françafrique…

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