Une Europe politique est pour l’instant impossible!

L’Irlande était le seul pays des 27 à pouvoir s’exprimer sur le « mini-traité » de Lisbonne par référendum, et comme par hasard, les urnes ont dit non à ce nouveau mécano institutionnel.

Soit. Si les Français avaient eu leur mot à dire, ils auraient probablement répondu non, comme d’autres peuples d’Europe. Le message est clair, les Européens ne sentent pas à l’aise avec cette bureaucratie bruxelloise trop lointaine.

Non, l’aventure européenne ne doit pas s’arrêter là, elle doit juste « changer de couleur » comme le dit Christophe Barbier, rédacteur en chef de l’Express.

Il est toujours plus facile de préserver le statu quo et de dire non à ce qui nous fait potentiellement peur, à tort ou à raison, que de dire oui à d’éventuels bienfaits. Mais ne soyons pas ingrats, la construction européenne est une indéniable réussite que nous envient tous les autres continents :

  • L’Euro nous procure une stabilité monétaire (nous n’avons plus de variation de taux de change préjudiciables pour le commerce et donc l’économie comme avant entre le Franc, le Mark, la Pesetas, la Lire, etc, du type de celles qu’on subit aujourd’hui entre Dollar et Euro)
  • En dix ans, la zone euro a créé 16 millions d’emplois, bien davantage que pendant les 10 années précédentes
  • La croissance moyenne de certains pays de la zone euro n’est pas due à l’Euro mais à la difficulté de procéder aux réformes structurelles incontournables
  • L’Euro a apporté plus de concurrence, ce qui s’est traduit, et va continuer à se traduire par de meilleurs prix pour les consommateurs
  • La libre circulation des personnes (Schengen) a permis la multiplication des voyages d’affaires, de tourisme, d’études, etc

On pourrait dresser un véritable inventaire à la Prévert des bienfaits de cette Europe, au premier rang desquels LA PAIX ! (à ce sujet lire cette article)

Mais cette logique semble maintenant se heurter à l’hostilité croissante des peuples : l’Europe politique coince, ironie du sort, à l’heure où ce nouveau traité se proposait d’incarner l’Union par un « Président », et un super ministre des affaires étrangères. Ingrats que nous sommes…

Le problème sous-jacent, selon moi, c’est que n’Europe n’est pas un État-nation ! Nous sommes une mosaïque de pays trop différents en fin de compte : nous sommes de vieux pays et avons chacun un nationalisme bien ancré résultant d’une longue histoire, nous avons (presque) chacun notre langue, c’est trop, nous vivant plus que jamais tout près les uns des autres, mais nous ne nous comprenons pas encore assez ! Les langues sont l’ultime barrage. (voir cet article) Une Europe politique sera possible le jour où on pourra voter au suffrage direct pour un Président qui l’incarnera, et on ne pourra voter pour un candidat à cette présidence que le jour où il pourra s’adresser à nous dans notre langue, c’est-à-dire le jour où il pourra s’adresser à tous les Européens dans leur langue….vous avez compris c’est impossible…..sauf si ! si l’Europe prend son courage à deux mains et se démène pour se sortir des sables institutionnels dans lesquels elle s’enlise….en choisissant de se doter d’une langue commune, une langue en plus de nos langues nationales, une langue parlée par tous, de Lisbonne à Tallin, de Dublin à Ljubjlana ! Avec des chaînes télé subventionnée, du cinéma subventionné, des dispositifs web bien étudiés, des jeux éducatifs sur console (je ne rigole pas), en une génération tous les Européens pourraient parler la même langue (par exemple l’Esperanto, en trois heures on en maîtrise déjà les rudiments !)

Ce jour là, les étudiants n’hésiteront pas à aller étudier aux confins de l’Europe, les mariages mixtes se multiplieront, les peuples fusionneront, l’Europe aura un sens, et l’Europe politique sera possible, en tant que simple étape, espérons le, vers un monde de prospérité, unifié et pacifié.

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